JUILLET l593.                              4^3
comme il estoit lui mesmes entré audit parti, non comme rebelle, mais comme son plus .fidele serviteur, exprés pour les mieux descouvrir, et recongnoistre leurs moiens et leurs forces, lesquelles il avoit recongneues telles, qu'il estoit impossible à Sa Majesté d'y pouvoir résister, sinon en les prevenant, et se rongeant de soi-mesmes à ce qu'indubitablement il se trouveroit forcé à la fin ; et que l'entreprise estant sur le point de Texé cution, le remede en devoit estre prompt, lequel il tenoit en sa main, se faisant vistement instruire, eL retournant à la messe plustost aujourd'hui que de­main.
Le Roy receut cet advertissement comme d'un sien fidel serviteur. Et toutefois comme un cœur roial et ma­gnanime tel que le sien ne peult porter d]estre forcé de ceste façon, principalement en matiere de religion et -de conscience, Sa Majesté en eust un tel desdain et creve-cœur, qu'il mist en deliberation de passer la ri­viere, et fut sur le point de le faire : qui estoit un conseil de desesperade, comme il disoit lui mesmes; mais duquel l'événement toutefois estoit en la main de Dieu, qui l'avoit relevé, ce disoit-il, de plus grandes cheutes que celles-là. Mais enfin le conseil des catho­liques et la voix de son peuple l'emporta.
Et est à noter que quand M. d'O parla au Roi du tiers parti, Sa Majesté lui dit que leur estat estoit fondé sur quatre buschettes : car ils n'avoient ni argent, ni villes, ni capitaines, ni alliance estrangère. Auquel le dit d'O fist response qu'à la verité du commencement ils n'en avoient point; mais qu'à ceste heure-là ils avoient tous les quatre. Lors M. le chancelier estant survenu, le Roi lui en aiant demandé son advis, et se
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